Le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) a étudié avec l'Université de Gand la meilleure manière de faire état de la qualité des soins du cancer du rectum. Les médecins du groupe PROCARE ont mis a disposition les données anonymes de 3 300 patients traités dans 79 hôpitaux belges. L'évaluation a notamment tenu compte du fait que tous les cancers n’en sont pas au même stade et de l’influence que cela peut avoir sur la comparaison des résultats entre hôpitaux. En outre des indicateurs globaux, synthétisant les nombreuses données disponibles, ont été développés. Les efforts qui ont été faits ces dernières années pour standardiser la chirurgie semblent avoir porté leurs fruits. En matière de diagnostic et d'examen des tissus il reste encore beaucoup de différences entre les hôpitaux. La méthode développée ici pour évaluer la qualité du cancer du rectum peut être appliquée à d'autres types de cancers.
Une initiative des soignants pour l'amélioration et l'harmonisation de la qualité des soinsLes cancers de l'intestin et du rectum sont parmi les plus fréquents en Belgique. Un patient cancéreux doit pouvoir s'attendre à ce que la qualité des soins soit partout équivalente, quelque soit le médecin ou l’hôpital choisi. En 2003 quelques chirurgiens abdominaux ont mis sur pied le projet PROCARE, afin d'améliorer et d’harmoniser la qualité des soins du cancer du rectum. Ce groupe s'est ensuite étendu à d’autres prestataires de soins non chirurgiens (oncologues, radiothérapeutes, ...). Le but de ce travail de pionnier est de diminuer les différences entre les médecins et entre les hôpitaux en terme de diagnostic et de traitement des patients et d'améliorer les résultats pour les patients.
Le groupe PROCARE a déjà collaboré précédemment avec le KCE à propos de recommandations de bonne pratique clinique (rapport KCE 69) et de développement d'indicateurs de qualité (rapport KCE 81). Comme dans les phases précédentes du projet, les chercheurs ont pu disposer de la base de données PROCARE. Celle-ci contient les données médicales de plus de 3 300 patients ayant souffert d’un cancer du rectum, soit 30% des données totales. Ces données proviennent de 79 hôpitaux participant de manière volontaire au projet.
L'harmonisation de la chirurgie a donné de bons résultats, mais il subsiste des différences au niveau de la pose du diagnostic et de l'examen des tissusL’équipe de recherche n’a pas seulement examiné les résultats du traitement, comme la survie des patients, mais aussi certains processus, comme le nombre d'irradiations avant la chirurgie. L’effet des différences de stades de cancer a été systématiquement éliminé dans les comparaisons de façon à ne pas fausser les comparaisons entre hôpitaux. Le maximum d'informations disponibles a ensuite été résumé en quelques indicateurs synthétiques. Les résultats de l'étude montrent que les efforts réalisés pour standardiser la chirurgie ont porté leurs fruits. Par contre, pour la pose du diagnostic et l'examen des tissus (par exemple des ganglions lymphatiques), on continue à observer des pratiques fort différentes entre hôpitaux. Il reste donc encore un bon potentiel d'amélioration.
L’instrument a encore des limites mais il pourrait se révéler utile aussi pour les autres cancersCes résultats ne sont pas utilisables tels quels pour évaluer objectivement la qualité des soins de l'ensemble des patients ayant un cancer du rectum. En effet, seuls 30% de ces patients sont enregistrés dans la base de données PROCARE. Des données manquantes ou de qualité inégale et un enregistrement sélectif des patients font que ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Néanmoins, la méthode permet d'analyser l'approche multidisciplinaire du traitement du cancer du rectum, et les soignants impliqués peuvent dorénavant recevoir un feedback complet de leurs processus et résultats. Ce feedback pourrait être réalisé par exemple par le Registre du Cancer.
Cette méthode pourrait aussi être appliquée dans le futur à d'autres types de cancers. Il pourrait donc devenir un instrument essentiel pour améliorer la qualité des soins des patients cancéreux.